Betty baba

Betty Baba

Le Style de Chinua Achebe : L’africanisation de l’anglais

L’article est une ébauche d’un cadre africain qui est démystifiée. Pour la société africaine il est in concevable qu’un cadre supérieur, comme Obi, puisse avoir des problèmes financiers, encore moins ses parents dans le besoin. Dans le livre il évoque de la corruption, de l’acculturation ou du mimétisme des colons anglais. En se moquant de son milieu social, Achebe nous invite à partager son regard critique sur la nouvelle société urbaine de son pays. Son personnage central, Obi, incarne cette couche privilégiée.

Chinua Achebe est un écrivain nigérian d’expression anglaise. Il est romancier (, nouvelliste et poète. Il débuta avec « Things Fall Apart » (Le Monde s’effondre) qui fut avec « No longer at Ease» (le Malaise) sa principale œuvre.


L’analyse est tiré du roman de Chinua Achebe initulé « No longer at Ease » « Le Malaise » semble avoir réussi à mettre en valeur l’héritage de sa langue par un style assez particulier : le recours à la rhétorique tribal et au pidgin english. Le pidigin est une sorte de lingua franca suis generis, constituée de mots anglais et du patois nigérian.

Le pidgin english est un mode de communication généralisé, non seulement au Nigeria mais aussi dans les autres ex-colonies anglaises tel que le Ghana où on l’appelle aussi broken english. En Sierra Leone, on l’appelle le créole. Le pidgin est un mélange de patois, et de mots anglais. Les mots anglais sont parfois mal prononcés ou détournés de leurs vraies significations. II y a aussi des traductions littéraires du patois en mauvais anglais. Bref, le pidgin est une sorte de lingua -Franca « suis -generis ». C’est -à-dire une langue véhiculaire, née à la source. C’est ce mélange étonnant de divers moyens de communication qui donne au pidgin english son originalité par rapport à L’argot qui se limite à des mots et à quelques expressions.
A travers l’emploi du pidgin, deux constats méritent que nous y attardions un peu. Le premier est qu’il est essentiellement parlé par les illettrés. A ce titre, l’humour qui s’en dégage vient plutôt du contenu des propos qui reflète le niveau culturel des personnages. En deuxième lieu, L’emploi du pidgin chez les personnes instruites sert a‘faire des plaisanteries grinçantes et désinvoltes sur un ton familier.

Les erreurs grammaticales du pidgin ne constituent pas une source de comique à priori chez le lecteur autochtone car tout le monde comprend et parle le pidgin au Nigeria. Le lecteur étranger reconnaître les erreurs de grammaire et appréciera ou n’appréciera pas le comique qui s’en dégage. Nous donnerons en guise d’aperçu quelques exemples d’erreurs grammaticales en début d’analyse. Les analyses du comique du pidgin se feront d’après le contenu des énoncées plutôt qu’aux erreurs de grammaire Stricto sensu.
Au début du roman, Obi vient de s’acheter une voiture neuve. Quand il s’étonne de voir des chiens morts au bord des rues, son chauffeur lui en donne la raison la raison en pidgin english.
« Na good luck. Dog bring good luck for new car, but duck be different. If you kill duck you go get accident or kill man” (p.12).
Le chauffeur explique à Obi que renverser un chien attire la chance, alors qu’un canard apporte le malheur ou la mort d’un home. La superstition est certes absurde. La justification vient des attributs naturels des deux animaux, la rapidité d’un chien et la lenteur d’un canard. Ainsi le canard qui est lent ne pourrait qu’apporter du malheur. Le propos du chauffeur est d’autant plus comique qu’il est illettré, et donc considéré comme ignorant par les lettres.
En ce qui concerne la grammaire, les erreurs sont flagrantes. Le mot « na » prend la place de It is . il marque un « s» au verbe bring. Ill manque aussi l’article « a » devant les mots new , car , duck et man . Remarquons que le verbe to be est mal conjugué tandis que le mot go (qui signifie aller) prendre la place du verbe bring. il manque aussi l’article « a » devant les mots new , car, duck et man. Remarquons que le verbe to be est mal conjugué tandis que le mot go (qui signifie aller) prend la place du verbe will.
Dans certaines circonstances l’usage du pidgin (en tant que langue véhiculaire tous les milieux sociaux) permet a celui qui le parle de se rapprocher de son interlocuteur. C’est le cas de deux personnes instruites qui veulent briser les barrières du formalisme administratif.
Au port de Lagos , Obi demande une facture à la douane pour déclarer son poste de radio . Le jeune employé de douane parle en pidgin. II propose à Obi de payer £2 au lieu de £5 mais il ne donnera pas de facture. le jeune corrompu pense qu’obi est au courant de la corruption .
« I fit do it , but you no go get government receipt » lui dit le jeune douanier. (p30).
L’humour ne vient pas du pidgin mais de l’audace du fonctionnaire pour corrompre Obi en langage familier.
Deux erreurs sont encore repérables. Le mot fit prend la place du verbe can.
Cette substitution vient du rapprochement erronée entre to be fit (qui signifie êtes bien portant) et to be able (qui signifie pourvoir faire). Le comportement du douanier est inhabituel pour le lecteur non ibo car on ne négocie pas à la douane.
Obi est assis à coté du chauffeur du camion pendant son voyage au village. Le chauffeur avoue aux passagères qu’il a du mal à conduire correctement parce qu’il a sommeil. Un commerçant lui propose de mâcher du cola . Pour rester éveillé
« You no get kolanut for eat? »
Mais le chauffeur lui répond qu’il n’arrête pas d’en manger depuis l’après-midi :
« Weting I been de eat all afternoon? I no fit understand this kind sleep” (p45)
Le propos du chauffeur est absurde parce qu’il refuse de comprendre pourquoi il a sommeil alors qu’il n’a pas dormi la veille. Le chauffeur est illettré et ignore le rythme naturel de son corps.
En ce qui concerne les erreurs de grammaire, remarquons que le mot no (négation) prend curieusement la place de do not alors que le verbe to have (avoir) est remplacé par le verbe to get.

Dans la deuxième phrase, weting est la mauvaise prononciation de what thing, alors que I been de eat est la mauvaise prononciation de I have been eating . Ces erreurs évidentes sont en effet risibles pour celui qui ne comprend pas le pidgin english.
Plus tard, lors d’un contrôle routier, à quarante miles d’Ibadan, le chauffeur se met en colère contre Obi :
« Why you look the man for faces when we want give am him two shilling? Na him make I no de want carry you book people. Too too know na him de worry una.
Why you put your nose for mater way no concern you? Now that police man go charge me like ten shilling.” (p.43)
Obi est accuse de ne pas faire semblent et d’ignorer la prise de pot de vin par un gendarme. II est aussi blâmé de s’êtes comporté comme toutes les personnes instruites qui n’attirent que des problèmes aux illettrés.
Obi se trouve dans une situation embarrassante. Le paradoxe est que, malgré L’illégalité de la prise de pot de -vin, c’est le chauffeur illettré qui est complice de la corruption. La preuve est qu’il se met en colère parce qu’il paie plus cher que la somme habituelle. Achebe dénonce ici, a‘travers le comique, la triste soumission de la masse d’illettrées qui ne connaissent pas leurs droits, a‘la dictature des fonctionnaires corrompus.
L’autre aspect de l’emploi du pidgin est son usage dans la conversation entre les membres de l’élite. Le pidgin english prend un ton plaisant et familier.
Obi et son ami ministre Sam Okoli, discutent de la présence de colons britanniques sur le sol nigérian. Tout en essayant de faire marcher un poste de radio, Obi se sert un deuxième verre de Whisky. Il dit à Sam Okoli :
« White man don go far. We just de shout for nothing. All the same they must go. This no be them country”
Obi dit que les Anglais sont très en avance, par rapport aux Africains, mais il insiste pour qu’ils s’en aillent, car ils ne sont pas chez eux en afrique. Au même moment il se rend compte qu’ils entrain de jouir du confort apporté par les blancs et éclate de rire.
Remarquons que l’auto dérision de la part d’obi passe mieux en pidgin english qu’en anglais.
Vers la fin du roman Clara se trouve enceinte d’Obi. Ce dernier rend visite à un médecin qui accepte de pratiquer un avortement. Les patients qui attendent leur tour se moquent d’obi qui parait pressé et lui demandent ce qu’il vient faire chez un docteur alors qu’il n’est pas malade :

« Which kin appointment you get with doctor when you no be patient. » Un autre répète à haut voix, pour attirer l’attention des oreilles indiscrets:
« Man way no sick de come see doctor »
La moquerie cède la place à la colère lorsque Obi sort du cabinet du médecin.
Un troisième intervient :
You tink because Government give you car you fit do what you like? You see all of we de wait here and you just go in . You think na play we come play . Foolish man.
Beast of no Nation” (p.152)
Obi est ridiculisé et accuse de se comporter en fonctionnaire qui se permet tout, parce qu’il a une voiture de fonction. En dépit de son statut social il est humilié en public par des illettrés .C’est l’image du haut fonctionnaire qui est ridiculisé car inhabituel en Afrique.





Bibliographies
Chinua Achebe, No longer at ease, Edition Heinemann, Londres, 1963, 176p
Bonneau Danielle, Le pidgin English comme moyen d’expression littéraire chez les romanciers du Nigeria, Annales de l'université d'Abidjan, série D, vol . V, 1972.
Gale S.H, Chinua Achebe’s No longer at ease: A critical commentary, Monarch Press, New York, 1975.
 
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